Clisson-Ancenis: des attentes et une colère
Une semaine après avoir reçu les maires concernés et les trois conseillers généraux, Jean-Yves Ploteau, vice-président en charge des transports, a réuni, vendredi dernier, autour de la table, tous les acteurs concernés par le projet routier Clisson- Vallet-Ancenis. Bilan et réactions.
La rencontre au cours de laquelle le Département a fait la lecture de l'avis favorable du ministre de l'Agriculture, en faveur du tracé E1D, et a présenté le calendrier du projet et les tableaux d'impact s'est faite en deux temps. La première, calme, s'est déroulée avec les élus et les représentants des chambres consulaires, du SDAOC et de l'INAO. La seconde, avec les associations, a été beaucoup plus houleuse.
Sur les sept associations invitées, une s'est montrée particulièrement incisive et en colère : les Indignés du tracé. L'association, qui revendique 500 familles adhérentes, a démonté le projet. Olivier Fraslin, le président, habitant à la Barillère, village impacté, juge l'avis du ministère ambigu. "Il semble donner un avis favorable au tracé E1D mais les restrictions sont si contraignantes qu'il ne peut pas être réalisé". L'association fustige aussi "l'ignorance totale des conséquences sur la population". "Des milliers de personnes sont pris dans les vents dominants dans les villages, avec l'impossibilité de les protéger en raison d'un viaduc passant au-dessus de la Sanguèze", condamne Olivier Fraslin. L'association, qui réaffirme que le "fuseau ne permet pas le développement économique" du canton de Vallet, prône des petits contournements de bourgs moins coûteux et réalisables à court terme.
Le chaud...
Pour le reste, les associations venues pour s'informer attendent d'analyser le projet. D'autant que des acteurs ne se disent pas pressés. Dans leur viseur, les élections départementales de mars 2015. Un changement de majorité et le projet pourrait subir un nouveau coup de frein. En attendant, le Département s'est félicité que les élus se soient montrés "unanimes" quant à la nécessité de la liaison pour l'attractivité du territoire et la sécurité des bourgs de Vallet, La Boissière-du-Doré et Mouzillon. Une commune qui voit passer 11 500 véhicules par jour, selon les derniers chiffres. Et non 14 000 véhicules comme le publie le conseil général.
Interrogé, Jérôme Marchais, maire de Vallet, s'est montré prudent quant "à la perspective d'aménagement par rapport aux contraintes agricoles. Il faudra voir comment l'impact sera minimisé". Et s'est dit conscient que le tracé qui "n'est pas la panacée" est le seul projet d'aménagement. Un projet qui ne verra pas le jour avant 15 ans. Un délai qui inquiète le maire de Vallet au vu du trafic qui traverse la commune. L'élu a redemandé au Département "la réalisation d'un barreau routier pour alimenter la zone industrielle des Dorices". Et s'est réjoui que le conseil général rencontre en privé les conseillers municipaux de Clisson, Mouzillon et Vallet. A Vallet, la réunion est prévue le 19 novembre.
...et le froid
Plus réservé sur le tracé retenu, Patrick Baleydier, le maire de Mouzillon, a appelé de ses vœux "la réalisation d'une infrastructure". "Le monde agricole est ouvert à là discussion, a-t-il commenté. Le monde économique pousse beaucoup. Reste à trouver un compromis qui satisfasse tout le monde." Si le maire de Mouzillon ne remet pas en cause le projet, il se dit "plus froid pour l'itinéraire choisi". Et attend "d'analyser les éléments techniques "avant de se positionner sur le fuseau.
Pour le syndicat d'appellation du muscadet, opposé au tracé, c'est le directeur Frédéric Macé qui a assisté à la rencontre. Le directeur du syndicat a récupéré l'avis du ministre de l'Agriculture. Mais n'a fait "aucun commentaire". "On va l'analyser de près, discuter avec les services de l'Inao, se caler au calendrier du conseil général et voir de quelle manière on va recueillir l'avis des viticulteurs", a-t-il répondu au lendemain de la rencontre. Une concertation avec la viticulture est prévue en janvier 2015.
De son côté, le conseil général a annoncé que deux études vont être engagées dès 2015. Une étude de tracé supplémentaire à la Fréchotière va évaluer l'impact sur les parcelles AOC, les riverains et le milieu naturel. La seconde étude foncière et agricole concerne les solutions à envisager pour assurer la pérennité de l'exploitation bio située à la Parentière à Vallet.
Hervé Pavageau
"On ne fait pas de routes pour embêter les gens"
Lors de la rencontre territoriale organisée lundi à la Garenne-Lemot, Philippe Grosvalet et Jean- Yves Ploteau sont revenus sur la réunion de vendredi dernier. Le président du conseil général, un brin agacé par l'attitude des opposants, a rappelé que le Département "ne fait pas de routes j>our embêter les gens. Ni contre les élus". "On construit des infrastructures dans l'intérêt général." D'autant que le projet d'infrastructure en question est "le résultat d'un compromis" et "d'une demande constante des élus locaux, du monde économique et d'une grande majorité des habitants."
Concernant l'exploitation bio, Philippe Grosvalet a insisté sur l'engagement de réduction d'impact et de compensation. "Ce n'est pas un hasard si la Loire-Atlantique est le premier département en surface agricole biologique." Jean-Yves Ploteau s'est félicité que le projet entre dans sa phase active. "Il n'y a pas d'opposition mais des inquiétudes", a exprimé le vice-président en charge des mobilités. Les études pour tracer un projet routier plus précis vont commencer. "On a du temps devant nous. La route ne sera pas construite demain", a-t-il souligné. Le conseil général doit rencontrer prochainement les conseillers municipaux et l'exploitation bio impactée.
L'Asim le veut plus à l'est
Autre invité du conseil général, l'Asim (Association de sauvegarde des intérêts mouzillonnais). Trois représentants de la structure étaient présents. Ses membres n'ont pas changé de version depuis le départ. "Pour nous, le meilleur tracé est celui tout à l'est, indique Jean Babonneau. C'est le moins cher, le plus direct et le moins impactant pour la vigne".
A la différence de tous les projets actuels, il ne partirait pas du Fief-Bignon, zone de convergence, près de la zone de Câlin, à Clisson. "A l'échangeur de Gorges, la nouvelle route rejoindrait le contournement de Cugand, ce qui desservirait la zone de Tabari. Ensuite, on franchit la Sèvre à Gétigné où un pont est déjà prévu. Puis direction Saint-Crespin, Tillières puis l'est de La Regrippière et on rattrape la route Cholet-Ancenis au Fuilet".
Un scénario qui n'a jamais été étudié du fait de l'absence d'entente entre le conseil général de Loire-Atlantique et son homologue du Maine-et-Loire. L'Asim attend les prochaines élections départementales.