Les autres réactions
• Jérôme Marchais, maire de Vallet- "Je ne suis pas au courant. Je n'ai reçu aucune information. Ni été convié à aucune réunion. J'ai appris l'information par la presse. Des habitants nous posent des questions. Et on a l'impression de faire des réponses de Normands. C'est un dossier très important qui impacte les collectivités et les maires ne sont pas informés. Je trouve ça extrêmement léger et irrespectueux par rapport aux élus locaux. On est pris entre le marteau et l'enclume. Est-ce politique ? Je ne sais pas... "
• Sophie Errante, députée du Vignoble nantais- Sur le fond ? "Si ce tracé paraît bien meilleur qu'en 2009, il n'est pas parfait. Il y a à retravailler. En clair, l'avis dit OK pour le tracé. Mais attention aux proches d'habitations. Et surtout à l'exploitation biologique. Ce n'est pas une liste à la Prévert. Mais l'exploitation ne peut pas être réduite. Et doit être maintenu. Ça signifie que les services et la concertation doivent trouver le meilleur itinéraire pour que son existence perdure. Or, là, le tracé la met à terre. Soit on retrouve l'équivalent pour que l'exploitation fonctionne. Soit le tracé passe ailleurs pour ne pas la mettre en péril. Maintenant, il n'y a pas d'urgence. Ce n'est pas un chantier qui va déclencher le démarrage des pelleteuses. On a une dizaine d'années devant nous."
Sur la forme ? "Je n'ai pas à juger la manière de communiquer du Département. J'ai plaidé en faveur d'un maximum de communication et de transparence. Mais franchement, la méthode (Ndlr ; via un communiqué de presse) ne prévaut pas à un climat serein et apaisé. Je partage certaines interrogations. Je comprends les vexations et les énervements. Reste qu’il faut rapaiser le climat. C'est un dossier qui nécessite beaucoup de travail. Autant que ça se passe bien."
•Joël Forgeau, président du Syndicat d'appellation muscadet- Un brin fâché. Une semaine après l'annonce du Département, le viticulteur Mouzillonnais n'avait toujours pas pris connaissance de l'avis du ministère. "Nous n'avons aucun retour tant de la part du conseil général que de l'INAO. C'est assez cavalier. Ça nous perturbe quand même. C'est nous qui avions demandé au Département de saisir le ministère. On attend de voir cet avis. Après ? On va le lire, le décortiquer, le transmettre aux vignerons concernés. Afin de recueillir leur avis. C'est la procédure habituelle", conclut le président dont la position n'a pas bougé. Le syndicat du muscadet hostile à tout tracé routier qui "massacrerait" l'appellation milite pour "des déviations des bourgs de Vallet et Mouzillon."
Le maire de Mouzillon ne digère pas
Patrick Baleydier, opposé à ce tracé, ne digère pas l'annonce du conseil général par voie de presse. Réputé modéré, l'élu UMP ne mâche pourtant pas ses mots.
L'Hebdo de Sèvre et Maine : Comment réagissez-vous après l'avis favorable du ministère de l'agriculture donné à la route Ancenis- Clisson ?
Patrick Baleydier : Extrêmement mal. On a appris ça dans la presse. J'en veux au conseil général qui n'a pas eu la décence de nous prévenir que le courrier était arrivé, et surtout nous dire quelles sont les motivations du changement d'avis du ministère (qui avait dit non en 2009). On ne sait d'ailleurs toujours pas. Officiellement, nous ne sommes pas au courant. De toute façon, on n'a jamais été associé depuis que le projet a été revu. C'est pareil pour le maire de Vallet, nouvellement élu à ce poste depuis mars dernier, et que personne du Département n'a daigné venir voir pour exprimer les enjeux et la situation du dossier.
HSM : A vous écouter, vous avez clairement le sentiment d'avoir été mis de côté ?
P. B. : Il est clair que cette façon de faire du conseil général est extrêmement légère, pour ne pas dire marquée d'incompétences. C'est élémentaire de contacter les premiers concernés. Mais j'ai compris récemment que si les maires n'acquiesçaient pas le tracé, ils seraient tenus responsables de faire capoter le projet. Même notre conseiller général avait ordre de ne rien nous dire. Malgré nos interrogations en commissions intercommunales.
HSM : Vous payez peut-être votre opposition à ce tracé ?
P. B. : Je me suis effectivement déjà exprimé sur ce que j'en pensais. Ce n'est pas celui qui à ma préférence. Mais là encore, connaissant ma position, personne n'est venu me voir. Le conseil général aurait pu se demander pourquoi je changeais d'avis, parce qu'à la base, je suis convaincu que pour l'économie du Vignoble, cet axe entre les autoroutes Nantes- Bordeaux et Nantes-Angers est une bonne chose. Mais là, on se fiche des avis du terrain. On est les premiers concernés. Pourtant, je suis quelqu'un qu'on peut convaincre. C'était simple de venir discuter.
HSM : Pourquoi cette opposition au juste ?
P. B. : En 2009, le ministère retoquait le projet parce qu'il impactait trop la vigne. Il laissait toutefois entrouvert la possibilité d'étudier de nouvelles solutions, mais uniquement plus à l'est. Il faudra donc m'expliquer pourquoi, le tracé accepté cinq ans plus tard, soit 2 km plus à l'ouest que le précédent. Entretemps, sur ces préconisations ministérielles, la commune a autorisé des permis de construire. Des gens habitent un secteur dont le cadre de vie va être fortement impacté. Ce n'est pas logique. Et quand on me dit que j'aurais dû être plus prudent, c'est une malhonnêteté intellectuelle. Moi je me tiens à ce qui est indiqué.
Laurent Fortin
Il est dommage que cette position n'ait pas été prise plus tôt.
Patrick Le Jallé : "Satisfaction en attendant du concret"
Le délégué territorial de la chambre de commerce et de l'industrie (CCI) pour le Vignoble nantais est heureux que le projet soit enfin débloqué. Patrick Le Jallé, à la tête d'une société de travaux publics à Clisson, demande toutefois au conseil général de présenter rapidement un calendrier des travaux pour l'ensemble de l'axe A83-Ancenis.
L'Hebdo de Sèvre et Maine : Vous avez dû être ravi d'apprendre l'avis du ministère...?
Patrick le Jallé : C'est en effet une bonne chose qu'après de longues années de discussions et d'études, un compromis ait été trouvé entre la viticulture et le conseil général. Le dossier n'a que trop duré. Il est resté longtemps à l'état de projet. J'espère qu'il avancera vite désormais. Que le conseil général mettra les moyens financiers en face. Même si je sais qu'il y aura encore le temps des enquêtes publiques et sans doute faire quelques ajustements à la marge.
HSM : En quoi cette route est attendue pour les entrepreneurs du Vignoble ?
P. L. J. : On sait que ce type d'infrastructures est porteur pour l'économie d'un territoire. Il le désenclave. Et sans penser à de futures zones économiques, cette route aidera celles qui existent déjà. Notamment celle de Tabari à Clisson qui voient plus d'entreprises fermer qu'ouvrir.
HSM : Pourtant, ce parc d'activités est loin de la route ?
P. L. J. : Cette route n'est qu’un chaînon qui manquait à un ensemble qui a déjà reçu les autorisations administratives. Je pense à l'échangeur de l'A83 au niveau de Montbert dont les travaux devraient démarrer en novembre ou décembre (les entreprises ont déjà été retenues). Je pense aussi au tronçon entre Aigrefeuille et Clisson pour lequel les aménagements fonciers sont réalisés depuis des années mais pour qui on attend toujours l'appel d'offres. Maintenant, on a les trois tronçons. Et même être à un kilomètre d'un tel axe, c'est un atout.
HSM : Qu'attendez-vous maintenant ?
P. L. J. : Je le répète, il faut désormais que le conseil général prenne ses engagements et qu'il présente un calendrier. On a vu que localement, on a des élus qui se bougent à l'instar de ceux qui composaient la communauté de communes lors du dernier mandat : ils ont permis à l'usine Définox à Gétigné, de se maintenir sur le territoire, en ouvrant la possibilité d'une implantation sur la zone de Tabari.
L.F.
Club Alliance : "Qu'elle se fasse, peu importe où elle passe"
Pour le club Alliance, association regroupant des entrepreneurs du Vignoble nantais, la position n'a pas varié. "Toutes les décisions qui seront favorables à l'avancée du projet de route, nous satisferont. Cet avis du ministère en fait partie, indique Jocelyn Douillard, président depuis quatre ans. Peu importe où elle passe, il n'est pas normal qu'on mette aujourd'hui 1 h 10 pour rejoindre Ancenis, de Clisson. On a des traversées de bourgs incohérentes. Stop. Cet axe doit mieux irriguer le territoire. Beaucoup d'artisans refusent des chantiers nord-Loire du fait de cette situation, car leurs marges sont mangées dans les bouchons du pont de Belle- vue ou du périphérique nantais. Ce n'est pas normal".
L'ambulancier Clissonnais espère maintenant que "les enquêtes publiques ne réveilleront pas les problèmes de fond de jardin". "On sait que les projets dans notre département ont du mal à aboutir pour quelques intérêts particuliers. On a un peu tendance à écouter ceux qui s'opposent à un projet au lieu des acteurs économiques. Or, cette route serait une bonne nouvelle pour l'emploi car elle irriguera bon nombre de zones d'activités situées à quelques kilomètres", conclut-il. Le club Alliance restera en veille pour rappeler l'importance de cet axe ralliant l’A83 à Ancenis.